Bien que les chiffres soient encourageants, le nombre d’hommes entrepreneurs reste supérieur à celui des femmes.
En France, si les politiques tendent vers plus d’égalité entre les hommes et les femmes, un domaine reste encore très médiocre : celui de l’égalité salariale.
Ce constat, propre à l’univers salarial, se répercute dans l’univers entrepreneurial. Les femmes sont en effet plus souvent discriminées que les hommes lorsqu’elles se lancent dans l’entrepreneuriat. Des raisons culturelles, sociologiques et sociétales expliquent aisément pourquoi la place de la femme dans l’entrepreneuriat s’est souvent faite discrète.
Pourtant, les femmes s’intéressent depuis longtemps à l’entrepreneuriat mais seule une minorité d’entre-elles s’autorisent à tenter l’aventure.
Ces dernières années, la progression de l’entrepreneuriat féminin s’affirme. Les écarts de rémunération le plus souvent inexpliquées, motive de plus en plus ce choix et le phénomène, s’est encore accru pendant la crise sanitaire. Paradoxalement, exercer en tant qu’indépendantes ou freelances rassure les femmes et les sécurise financièrement en plus de donner du sens à leur quotidien professionnel.
Ainsi, l’entrepreneuriat n’est plus l’apanage exclusif des hommes. Dans l’univers de l’auto-entrepreneuriat, la mixité prouve que les nouveaux freelances sont aussi vecteurs d’égalité.
Si la parité n’est pas encore atteinte, les chiffres sont prometteurs révélant une augmentation très significative des créatrices d’entreprises puisqu’en 2020, 4 créateurs d’entreprises individuelles sur 10 étaient des femmes. Le nombre de femmes entrepreneures aurait augmenté de 80 % entre 2014 et 2017, et le freelancing est régulièrement perçu comme un levier pour développer l’emploi des femmes.
Voyons dans cet article ce qu’est l’entrepreneuriat féminin et quelles sont les causes de son ascension ?
Entrepreneuriat féminin versus entrepreneuriat masculin : pourquoi fait-on une différence ?
Si certains critiquent parfois l’opposition faite entre entrepreneuriat féminin et entrepreneuriat masculin, la distinction est pourtant opportune.
L’entrepreneuriat féminin s’entend comme les projets entrepreneuriaux portés et développés par les femmes.
Station F, le plus grand campus de start-up au monde et création de Xavier Niel, a affirmé que 40 % des créateurs de start-up étaient désormais des créatrices. « À l’heure actuelle, on estime que seuls 17 % des métiers sont jugés mixtes (avec une répartition de chaque sexe comprise entre 40 et 60 %). »
Parallèlement, l’histoire de l’entrepreneuriat féminin regorge de conditionnements et de limites étrangers à l’entrepreneuriat masculin. Certains chiffres ne mentent pas et mettent en évidence l’absence des femmes dans des secteurs socialement réservés aux hommes.
Les domaines du bâtiment, des biens et des équipements sont, en effet, des secteurs encore majoritairement masculin. En 2019, les femmes ne représentent que 7,7% des dirigeants d’entreprise dans le domaine du bâtiment. Le constat est similaire concernant le secteur du pétrole, de la maintenance, des équipements de sport ou encore dans la tech.
Et c’est presque logiquement, qu’à force de se voir attribuer des missions pour des contrats de courtes durées ou des postes à temps partiel dans ces secteurs dits ‘masculins’, le format du freelancing s’est imposé comme une évidence pour l’emploi des femmes.
Si les femmes apprécient tout autant la liberté d’organiser leur vie professionnelle et personnelle comme elles l’entendent, nombre d’entre elles s’accordent à dire que leur première motivation est un besoin de reconnaissance. D’ailleurs, 69% des femmes freelances estiment que le lancement de leur propre entreprise est plus valorisant que d’être salarié.
Aujourd’hui en France, l’entrepreneuriat féminin gagne progressivement du terrain et représente 40 % du nombre total des entrepreneurs.
On observe 10% des entreprises innovantes et de la Tech créées et gérées par des femmes.
Par ailleurs, 73% de ces entreprises sont pérennes après 3 ans d’activité.
Lutter contre les freins à l’entrepreneuriat féminin
L’entrepreneuriat féminin est ralenti par plusieurs causes spécifiques auxquelles les hommes sont rarement confrontés.
Aussi, les femmes subissent certaines situations discriminantes qui peuvent être fatales pour la réalisation d’un projet entrepreneurial. L’exemple du taux de rejet de crédit bancaire est très parlant car il représente 4,3% pour les femmes, contre 2,3% pour les hommes.
Des chiffres qui révèlent le manque de confiance voire la défiance exprimée envers les femmes porteuses de projet.
Une cause majeure à l’origine de l’abandon de projets d’envergures nécessitant des capitaux.
D’autres raisons d’ordre sociologiques peuvent aussi illustrer les obstacles rencontrés par les femmes entrepreneures. Les contraintes familiales font notamment partie des causes à l’origine de la suspension d’un projet entrepreneurial.
Trouver un équilibre entre la vie professionnelle et familiale suite à une période de maternité par exemple est extrêmement exigeant même si beaucoup de femmes s’y adaptent.
En outre, l’entrepreneuriat a souvent été, dans l’inconscient collectif, un domaine socialement réservé aux hommes suggérant que seule une personnalité masculine peut créer une entreprise et mener un projet entrepreneurial à son terme. Une croyance forte qui a participé au manque de confiance des femmes entrepreneures.
L’entrepreneuriat féminin a connu de nombreux obstacles dont il commence peu à peu à s’affranchir, redonnant confiance aux âmes d’entrepreneures.
Au-delà de la neutralisation des stéréotypes de tout genre concernant les entrepreneures et leurs projets, l’essor de l’entrepreneuriat féminin tend in fine à rétablir l’égalité hommes-femmes.
Le freelance : des coups de pouce pour des femmes , par des femmes
Bien sûr, le choix du travail non salarié ou indépendant n’est pas l’apanage de la gent féminine. Mais des initiatives spécifiques les aident à faire entendre leur voix.
Parmi elles, on peut citer les réseaux souvent d’envergure nationale, comme Co-Women ou Femmes Entrepreneurs. À noter que ces réseaux visent avant tout à encourager l’entrepreneuriat des femmes, mais ne sont pas toujours non mixtes.
Il existe aussi des initiatives plus ponctuelles, comme celle de la fédération nationale des labels indépendants, une association portée dans le secteur musical. Celle-ci a lancé en 2019 un programme visant à accompagner spécifiquement la création de réseaux musicaux féminins (ils représentent actuellement moins de deux labels sur 10).
Un dernier exemple vient de Force Femmes, une association proposant d’accompagner un retour à l’emploi des femmes, notamment en proposant des formations gratuites sur la recherche d’emplois. Le mouvement a lancé « Ma Boîte » en 2018, qui visait à accompagner des femmes dans l’entrepreneuriat.
Comme ces messieurs, les femmes sont de plus en plus nombreuses à faire le choix de devenir freelance : parmi les deux sexes confondus, on estime que 64 % des freelances le sont par choix. Et les femmes comme les hommes ont ensuite la possibilité de valoriser leur ancienne vie de salariée.
Les points-clés à retenir des femmes freelances :
– Les femmes sont encore sous-représentées dans l’emploi en général.
– Le freelancing apparait cependant comme une piste pour booster leur représentativité. D’ici quelques années, des catégories de l’entrepreneuriat comme les métiers du digital pourraient devenir des fers de lance de l’emploi féminin.
– Diverses initiatives vont dans ce sens. Bien souvent, elles sont le fruit d’associations.
– D’autres encore, sécurisent leur revenu de freelance et s’assure complémentaire santé et retraite grâce aux avantages conférés par le statut du portage salarial.
La performance avérée de l’entrepreneuriat féminin
Selon plusieurs études, les femmes entrepreneurs dirigent des entreprises dont les performances sont supérieures aux entreprises dirigées par des hommes.
En effet, les femmes se révèlent être d’excellentes gestionnaires d’ entreprise, y compris en situation de crise. Une observation qui s’explique par les qualités de vigilance et de résilience dont elles savent faire preuve leur permettant de prendre des décisions judicieuses en toutes circonstances.
Les chiffres révèlent ainsi que les entreprises créées et dirigées par des femmes affichent une rentabilité opérationnelle de 8 % contre 5,7 % pour les entreprises dirigées par des hommes.
L’autre indicateur de performance concerne le risque de défaillance moindre constaté chez les entreprises dirigées par des femmes.
3,1% des TPE dirigées par des femmes étaient défaillantes en 2018 contre 5% de TPE dirigées par des hommes.
Réduire l’écart hommes-femmes dans l’entrepreneuriat
Conscient de la disparité existante entre hommes et femmes dans le domaine de l’entrepreneuriat, les politiques ont mis en place certaines mesures destinées aux femmes entrepreneures.
D’autres actions, issues d’organismes privés et collaboratifs ont émergé visant à soutenir les femmes et leur projet entrepreneurial.
Les mesures et les organisations visant ces objectifs sont variées. Elles prennent la forme d’aides financières, de réseaux de femmes entrepreneures ou encore d’accompagnements dédiés aux femmes voulant concrétiser leur projet.
Le but est d’aider les femmes à structurer leur projet en leur donnant les moyens matériels et les savoir-faire nécessaires à l’aboutissement d’un projet.
Parmi les réseaux et associations destinés à ces objectifs citons entre autres :
- Le réseau de Business Angels “FemmesBusinessAngels”,
- Le réseau d’incubateurs et de pépinières d’entreprises innovantes “Les Premières”,
- Wom’energy : programme d’entrepreneuriat qui est un réseau d’accompagnement mixte composé d’hommes et de femmes engagés pour la création d’emploi en territoire,
- L’association Girlz In Web pour celles qui entreprennent dans le numérique,
- L’association Sista, pour celles qui entreprennent dans dans la Tech.
Parmi les mesures politiques citons notamment :
- La « Garantie EGALITE Femmes » (ex FGIF) est le dispositif national dédié aux femmes entrepreneures,
- Le prêt d’honneur Initiative France : un prêt d’honneur accordé sans demande de garantie personnelle ni intérêts par le réseau Initiative France,
- Les Plans d’action régionaux pour l’entrepreneuriat des femmes (PAR).
Textes de référence :
- economie.gouv.fr
- Étude » Un nouveau record de créations d’entreprises en 2020 malgré la crise sanitaire » , Insee, février 2021
- Étude » La place des femmes dans le paysage de la création d’entreprise » , BPIFrance