Généralisation du télétravail, renouveau des créations d’entreprises… Une récente étude Ipsos, réalisée pour le compte du syndicat des professionnels de l’emploi en portage salarial (PEPS), livre un portrait très diversifié du freelancing. Quelles sont aujourd’hui les motivations, les attentes, les habitudes ou les craintes du travailleur indépendant ? Explications dans cet article.
Le modèle du travailleur freelance en plein essor
La crise sanitaire n’a manifestement pas découragé la vocation entrepreneuriale d’un nombre croissant de Français. Fin 2022, le nombre de créations d’entreprises en France s’élève à 1 072 000 entreprises. Cela représente une année record puisqu’on observe une progression de 2 % par rapport à l’année précédente et démontre aussi l’attrait grandissant pour l’entrepreneuriat dans la société française.
La microentreprise, appréciée pour sa grande simplicité et sa souplesse, reste le statut plébiscité par les nouveaux travailleurs indépendants à 54 %. Les autres formes juridiques les plus souvent retenues incluent :
- l’entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL) à 15 % ;
- la société par actions simplifiée unipersonnelle (SASU) à 7 % ;
- l’entreprise individuelle (EI) ou entreprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL), à 6 %.
En dépit de ses avantages, le portage salarial ne concerne encore qu’une infime minorité d’indépendants. Seuls 3 % ont fait ce choix l’année dernière.
Enquête Ipsos/PEPS : quelle méthodologie ?
L’étude a été réalisée par l’institut Ipsos sur la base d’un échantillon de 350 travailleurs indépendants et potentiellement éligibles au portage salarial. Elle a été réalisée en ligne, du 4 au 23 juin 2021. La population cible a été sélectionnée aléatoirement par un algorithme au sein d’un panel en ligne.
Quel est le portrait type du freelance ?
Le recours à des professionnels freelance gagne progressivement du terrain en France. Les entreprises ont aujourd’hui volontiers recours à la sous-traitance pour une diversité de tâches. De fait, le portrait du freelance se diversifie régulièrement et couvre désormais tous les aspects de la prestation de services intellectuels. Les personnes interrogées se spécialisent dans :
- les métiers créatifs à 18 % ;
- l’informatique et le digital à 17 % ;
- le coaching et la formation à 12 % ;
- la rédaction et la traduction à 12 % ;
- la communication et le marketing à 8 % ;
- le commerce à 8 % ;
- l’administration et les ressources humaines à 7 %.
De même, il n’existe aucune règle en matière d’âge ou d’ancienneté professionnelle. Les freelances se répartissent d’une manière remarquablement équilibrée entre les moins de 30 ans (33 %), les 31-45 ans (43 %) et les plus de 45 ans (24 %).
Un constat, toutefois, est très clair : le passage au freelancing est rarement regretté. 64 % des professionnels sondés ont opté pour l’indépendance depuis plus de trois ans, et y trouvent donc une satisfaction à long terme.
Pourquoi se lancer dans une activité freelance aujourd’hui ?
Quelles sont les aspirations profondes d’un professionnel décidant de lancer son activité indépendante ? Chaque freelance est bien sûr motivé par des objectifs propres et éminemment personnels. Pour autant, la réponse fournie est souvent la même.
La libre organisation de l’emploi du temps est un attrait souligné par 70 % des personnes interrogées. 44 % souhaitaient par ailleurs choisir leur lieu de travail. Loin des contraintes des horaires de bureau en milieu salarial, la liberté du freelance séduit plus que jamais. Cette envie de souplesse s’applique aussi à la nature des missions et du travail réalisé : 50 % des sondés veulent ainsi se laisser la possibilité de refuser une tâche ou un client.
Le désir d’émancipation arrive loin devant les motivations purement financières : à peine 25 % des indépendants citent la recherche d’un revenu plus confortable. De fait, plusieurs freins potentiels sont également identifiés au lancement d’une activité indépendante, dont :
- une plus grande instabilité des revenus (pour 60 % des personnes interrogées) ;
- la difficulté à trouver des clients (51 %) ;
- la complexité des démarches administratives (26 %) ;
- l’accès moins aisé au crédit bancaire (25 %) ;
- la crainte de la solitude (24 %).
Activité quotidienne du freelance : small is beautiful ?
La plupart des travailleurs indépendants limitent leur volume d’activité : 75 % d’entre eux déclarent traiter avec 5 clients au maximum de manière simultanée. Beaucoup privilégient par ailleurs le confort de leur domicile pour exercer leur activité : près de la moitié indiquent désormais télétravailler à temps plein.
Quelle est l’opinion des freelances sur le portage salarial ?
Les indépendants ont-ils une bonne connaissance des modalités du portage salarial ? La maîtrise du sujet semble encore assez parcellaire chez une majorité d’entre eux. À peine 18 % affirment bien connaître le sujet. Surtout, 58 % se déclarent potentiellement intéressés, mais manquaient toutefois d’informations.
Les atouts de ce statut restent relativement mal connus. Ainsi :
- 43 % des sondés – seulement – évoquent le cumul des avantages d’un indépendant et ceux d’un salarié ;
- 39 % mentionnent la plus grande régularité des revenus ;
- 32 % soulignent la facilité de gestion administrative ;
- 28 % reconnaissent la plus grande qualité de la protection sociale en tant que salarié ;
- 18 % à peine, enfin, indiquent la qualité de l’accompagnement proposé au salarié.
L’envie d’indépendance demeure très forte chez un grand nombre de salariés après la période de la crise sanitaire. La dernière enquête du PEPS souligne à la fois la diversité des profils se lançant dans l’aventure et celle de leurs motivations. Le portage salarial pourrait représenter le compromis idéal entre liberté et sécurité pour un grand nombre de ces professionnels freelance.
Les trois points clés à retenir :
- Les créations d’entreprises individuelles n’ont connu aucun temps mort depuis plusieurs années (+92% depuis 2009), et confirment l’attrait pour le mode de vie freelance ;
- De nombreuses spécialités peuvent aujourd’hui être exercées en sous-traitance, pour des clients choisis avec soin ;
- Le portage salarial demeure une voie médiane insuffisamment connue des travailleurs indépendants.