Travailler avec la cible des enfants demande une écoute particulière et une proximité qui permet de créer un climat de bienveillance, de respect et d’encouragement.
En études qualitatives, sont utilisées les méthodes issues de la psychothérapie des enfants car ils s’expriment par des silences et souvent de façon peu rationnelle.
Or ce qu’ils ont à nous dire est passionnant et la plupart du temps inattendu, allant parfois à l’encontre de ce que nous pensions.
Les préoccupations et aspirations clés qui animent les enfants entre 3 et 12 ans
De 3 à 6/7 ans, l’enfant est dans une phase d’acquisition des mécanismes de base intellectuels, affectifs ou psychologiques. Il est égocentrique, il ne peut pas imaginer qu’il existe une pensée ou une expérience différente de la sienne. Il n’est pas encore capable de prendre de la distance, ce qui le rend très vulnérable par rapport à tout ce qu’il peut recevoir de l’extérieur, ainsi la découverte du monde qui l’entoure est source de nombreuses peurs qu’il va devoir surmonter.
A partir de 7/8 ans, l’enfant maîtrise mieux les raisonnements, il a une vision plus différenciée et distanciée de l’autre. Il prend conscience des différences et il apprend les première règles de la socialisation.
A partir de 9 ans et jusqu’à 11/12 ans, il souhaite se détacher de l’enfance. Il aspire à son intégration dans le groupe de pairs puis un peu plus tard dans le monde réel. Il se consacre à la découverte de ce qui l’entoure. Et tout l’enjeu est pour lui l’apprentissage de la vie réelle qui va le faire rentrer dans l’adolescence.
Néanmoins, malgré la différence entre les âges, Il existe des fils conducteurs car tous les enfants sont attirés par :
- Ce qui est source de plaisir : plaisir oral, sensoriel, ou encore le jeu et le rire,
- Ce qui les rassure, leur procure bien-être et sécurité,
- Ce qui les aide à grandir, à franchir les étapes, à aller au-delà de leurs pulsions,
- Et ce qui les aide à s’intégrer socialement.
La pensée magique clé de voute de l’enfance
La pensée magique est probablement ce qui distingue le plus le monde de l’enfance de celui de l’adulte.
Après avoir découvert qu’il n’était pas sa mère et s’être séparé d’elle, l’enfant prend conscience de lui-même et du monde qui l’entoure. Et il a besoin de savoir quoi penser de ce monde, de savoir comment il fonctionne pour pouvoir s’y aventurer en confiance.
Son cerveau n’étant pas capable d’abstraction, il va bâtir son interprétation du monde sur des mécanismes appelés « la pensée magique ».
Cette pensée magique s’exprime par l’animisme et à travers la croyance en des principes supérieurs, cosmiques qui protègent et accordent des pouvoirs.
Entre 3 et 6 ans, il n’existe pas de ligne de démarcation entre ce qui est inanimé et ce qui vit ou ce qui possède une vie proche de la nôtre comme les animaux.
La différence entre l’enfant de moins de 7 ans et celui de 11-12 ans est que chez les petits, le magique opère dans le monde imaginaire comme celui des dessins animés alors que chez les plus grands, il s’inscrit dans la réalité, avec de vrais personnages humains, dans un contexte réel.
Des interviews qualitatives reposant sur la connaissance de la psychologie des enfants
Il y a prioritairement 4 règles de base dans les études qualitatives auprès des enfants :
- On interroge essentiellement via des techniques projectives et créatives sur la base de jeux, activités kinesthésiques, tactiles, visuelles qui permettent à l’enfant quel que soit son âge d’exprimer facilement son opinion, ses ressentis et perceptions.
- On privilégie des petits groupes de 5-6 enfants, des triades, des duos, voire des duos mère/enfant pour les plus jeunes, afin de mettre en place un environnement propice à l’expression, de faciliter le dialogue, de ne pas inhiber, de pouvoir faire dessiner, compléter des histoires et d’observer les enfants en train de jouer.
- On cible les tranches d’âge par niveau scolaire, qui est le premier indicateur de la maturité psycho-affective de l’enfant, afin d’éviter des groupes d’enfants trop hétérogènes qui pourraient nuire à la bonne dynamique de parole et
atténueraient la richesse du discours. En effet, les enfants plus âgés ne s’identifient plus à la tranche d’âge précédente et se censurent. - Enfin, on choisit des durées courtes de 30 minutes à 1 heure 30 pour ne pas lasser ou contraindre, assurer la cohésion et pour garder un maximum de spontanéité.
L’enfant est sincère et a beaucoup d’imagination à condition qu’on lui procure des éléments concrets, matériel visuel ou verbal pour exprimer son potentiel émotionnel et créatif